Présentation par : Kmar Bendana et Sihem Sidaoui
Être critique, selon André Bazin, est une sorte d’art de funambule, on marche sur une corde raide où le désir de s’approprier le film doit négocier avec le risque de trop en dire, de mal dire au point de transfigurer et réduire. Il s’agit de prolonger la magie créative du film : « La fonction du critique, écrivait Bazin, n’est pas d’apporter sur un plateau d’argent une vérité qui n’existe pas, mais de prolonger le plus loin possible, dans l’intelligence et la sensibilité de ceux qui le lisent, le choc de l’œuvre d’art. »
Discuter, écrire, dire, lire se fait avec tact, se fait en tournant autour du film et non en le surplombant. Un des apprentissages des séances critiques des ciné-clubs, dans la pratique de l’animation et de l’écriture cinéphilique, est d’écrire ou de dire non pas « sur » mais « autour ».
Conçue dans le cadre du cycle « Mizoguchi, de la révolte aux songes », du 10 janvier au 4 février 2023, cette séance de lectures consistera à explorer le fonds de la bibliothèque de la Cinémathèque tunisienne à partir des ouvrages autour de Kenji Mizoguchi (1898-1956) et/ou du cinéma japonais. Nous lirons des textes pour perpétuer collectivement le plaisir en échangeant autour de ce que ces extraits provoquent en chaque lecteur/spectateur comme sensations, idées, comme résonances avec des plans, des sons, une lumière, une séquence captés dans l’expérience des films vus.
Ce que Borges disait autour de la bibliothèque de Babel sera dans nos esprits en explorant des passages de textes critiques autour des films comme fragments passés et à venir du monde du Cinéma et de sa pensée organique.